Le snack content ou nugget learning est à la mode en formation. Les contenus courts ont réussi leur percée dans le mix pédagogique. Encore faut-il mettre en œuvre une politique de production qui correspond à cette évolution. Comment produire des contenus courts qui correspondent aux attentes des apprenants ? Comment industrialiser cette production ? Qui va produire ? Autant de questions que le responsable de formation devra tôt ou tard se poser…. Quelle est la bonne méthode ?
1, La massification du contenu 1.0
L’émiettement des contenus en grains très fins nécessite de multiplier le nombre de grains pour obtenir un contenu similaire. Quelle que soit la récurrence, sur 250 jours ouvrables, rien n’empêche de penser 250 grains voir plus encore s’il s’agit de formations intenses. 250, c’est beaucoup et peu à la fois. Il est nécessaire d’avoir une politique de massification des contenus autour d’une thématique. La technique la plus facile est de demander aux experts de la thématique de proposer des contenus disponibles sur le web de qualité suffisante. Le web regorge de post jusqu’à l’infobésité. Il faut toutefois penser à valider que les posts soient en creative commun et que la licence permet le ré-usage voir le retraitement.
Faute de faire œuvre de curation, il reste la possibilité de produire soit même son contenu et cela permet de créer des contenus brandés aux couleurs et aux valeurs de l’entreprise. Les contents peuvent être vidéos, audios, images ou textes. Tous les posts n’ont pas la même importance, il est nécessaire de construire des posts de liaisons qui gardent le contact, la relation apprenante. Par exemple, il est possible sur une thématique de proposer des citations inspirantes, ou du wording designés aux couleurs de la thématique et de l’entreprise. Des outils comme CANVA permettent une maîtrise de cette production quasi-pro et en plus l’outil est gratuit.
L’industrialisation de la micro-production nécessite de construire une ligne éditoriale pour présenter une cohérence dans le contenu et une ergonomie d’assimilation. Cette ligne éditoriale doit se doubler d’une ligne iconographique avec le choix des symboles, des couleurs,… pour assurer une cohérence. Mais il s’agit aussi d’alterner les supports pour surprendre et capter l’attention de l’apprenant. Enfin, reste à savoir l’usage des grains, s’il s’agit de susciter l’engagement, la réaction, la mémorisation,… pour pouvoir évaluer la qualité de chaque grain et le changer si le besoin se faisait sentir.
2, Le recyclage des contenus existants
La massification des contenus ouvre une autre possibilité le recyclage des contenus existant. Certains contenus peuvent être réutilisé en l’état et rediffusé pour favoriser la mémorisation, alors que d’autres peuvent nécessiter un reformatage. La création d’images de synthèse peut faire l’objet par exemple d’un retraitement au sein de stories apprenantes, une série de 3 ou 4 images sur une thématique, ou de carousels.
Le recyclage des slow contents. Si l’on produit une classe virtuelle et que l’on enregistre son contenu, ce peut être l’occasion de segmenter la vidéo pour en faire par exemple des FAQ avec les questions posées par les apprenants pour en faire un usage particulier comme « les 30 questions sur le management ». Un podcast apprenant peut donner lieu à une synthèse finale par « les 3 points à retenir » avec soit un texte soit une image qui augmente encore la mémorisation. La pédagogie devient un écosystème qui met en cohérence les grains de formation pour en faire un écosystème apprenant.
L’écosystème peut être avénementiel et événementiel. Par exemple, la création de séries apprenantes se développe de plus en plus dans le snack content pour créer une relation apprenante. Cela permet de créer un événement avec un teaser, l’avénementiel, mais aussi une attente pour la saison suivante. Il s’agit de créer des routines et de casser soi-même les routines au sein d’une nouvelle routine… une pédagogie et une animation avénementielle. Il s’agit de créer une envie d’aller plus loin, une tension apprenante qui stimule l’apprenant.
3, Le Learning Generated Content (LGC)
Traditionnellement, la massification des contenus provient soit des formateurs soit de prestataires externes, et c’est oublier un peu vite qu’il existe un levier de croissance inexploité, l’apprenant. C’est l’organisation pédagogique du 2.0. Il suffit de poser des questions du type : « quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la pratique de … ? », « comment faites-vous dans cette situation ? », … autour d’une thématique particulière. C’est une pédagogie agile, comme on ne sait pas les réponses des apprenants, il s’agit de partir de ce point de construire en direct le chemin pour atteindre ses objectifs préalablement déterminés.
L’apprenant est en situation d’acteur, il est engagé dans le processus d’apprentissage et mieux la pairagogie, le pair à pair, fait que l’apprenant se sent en communauté, au même niveau, ce qui facilite l’engagement et l’apprentissage. Il s’agit d’organiser la contribution. En amont ou en aval d’un podcast apprenant, on peut demander aux apprenants de poser leurs questions par audio avec des outils comme WhatsApp, ce qui permettrait de les réutiliser dans un programme tout numérique en les ordonnançant sur la plateforme LMS ou dans une communauté apprenante. Ces questions peuvent faire l’objet d’une discussion entre pairs avec supervision du formateur.
Enfin, pour faire des contenus, il reste les challenges. Soit on leur propose des challenges prédéfinis, soit on leur demande de construire eux-mêmes leur challenge, « qu’est-ce qu’on pourrait faire demain pour mettre en œuvre un management bienveillant ? », on demande aux apprenants de sélectionner les 3 meilleurs et chacun le met en œuvre. Chacun en vidéo explique en amont, en aval, interroge,… ce qui fait du snack content supplémentaire et un moyen de développer des compétences nouvelles et de donner vie à ses apprentissages. Du content que l’on pourra ensuite réutiliser.
La création de contenu snack content est une grammaire, un ordonnancement des grains de formation, mais aussi un style avec une façon de faire réagir ensemble, mais ce doit aussi et surtout être une histoire. Une façon d’écrire n’a jamais fait une belle histoire. Quelle ambition formative du programme ? Il ne faut pas confondre finesse des grains et finesse de l’ambition. L’adhésion à une formation sera d’autant plus forte que la promesse sera forte par rapport aux attentes des apprenants. C’est le travail du marketing de trouver le bon positionnement et de donner l’envie aux apprenants. Savoir trouver les bons mots, les quelques mots qui font la différence… du snack wording.
Fait à Paris, le 27 juin 2022
@StephaneDiebold