L’homme relationnel devient une valeur montante dans la formation.
L’éthique relationnelle est au cœur du dispositif pédagogique.
« La relation ne précède pas le savoir, elle est le savoir » (Béatrice Mabilon-Bonfils, Alain Jaillet et François Durpaire, Le savoir-relation, 2024).
C’est un prisme majeur, la formation n’est plus dans le contenu, ni dans l’apprenant, mais dans la mise en relation des personnes. Dans apprendre ensemble, c’est le ensemble qui prime.
Ce mouvement commence avec l’ouvrage d’Howard Rheingold, « Les foules intelligentes, une révolution qui commence » (2005).
Une foule apprenante, si l’on reprend la définition Robert Ezra Park (La foule et le public, 1904), est plus une communion apprenante, fusionner les seuls individus autour d’un collectif, une volonté d’apprendre ensemble.
La foule est devenue sage (James Surowiecki, La sagesse des foules, 2004).
Quel retournement de situation quand on se rappelle de Gustave Le Bon : « La foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé » ou « Dans les foules, c’est la bêtise et non l’esprit qui s’accumule » (La psychologie des foules, 1895).
La bêtise des foules laisse place à la sagesse, changement de paradigme… et pourtant la foule reste toujours la même, c’est le regard de l’époque qui change.
Le formateur devient un créateur de liens entre le savoir externe, les apprenants eux-mêmes et le formateur.
L’important n’est plus dans le contenu, mais dans la relation apprenante, construire un lien de confiance. Apprendre devient accessoire.
Former devient un acte d’altérité, d’accueil de l’autre, sortir l’apprenant de sa fonction sociale pour le reconnaître dans ce qu’il a de singulier.
Emmanuel Levinas va plus loin quand il parle d’épiphanie du visage, la responsabilité de l’autre dans ce qui n’est pas dit (L’éthique comme philosophie première, 1982). Une formation éthique pour Emmanuel Levinas est une formation hors les mots, les idées, les savoirs. C’est une rencontre d’hommes, un moment où la vulnérabilité de l’autre devient une interpellation.
L’éthique ne relève pas de la connaissance, mais de la responsabilité. « Autrement qu’être », c’est l’appel de l’autre qui me fait sortir de moi, avant même toute réflexion.
L’éthique précède la pédagogie.
« La relation éthique est une relation infini, à un Autre que je ne puis contenir ni comprendre. Elle est donc autrement qu’être, elle déborde tout savoir » (Autrement qu’être, 1974).
D’autres voient dans ce lien comme une façon de lutter contre l’émiettement des apprenants, pour reprendre le terme de Georges Friedmann (1963). Remettre de l’émotion, là où Lévinas parlait de responsabilité, dans la relation.
La formation s’ancre moins dans des transferts de savoir que dans des rencontres signifiantes.
L’émotion devient une syntaxe invisible, une grammaire du lien.
La Learner eXperience devient son moment apprenant où il se passe quelque chose ensemble.
« Former, c’est recréer une scène de commun, là où tout conspire à l’isolement » (Béatrice Mabilon-Bonfils, Ethique et complexité en éducation, 2009).
La formation devient un moment pour refaire société, reconstruire une confiance autour du travail.
Co-construire du social.
« La formation devient alors un espace d’expérimentation éthique, où la société à venir peut s’esquisser » (François Durpaire, Former ou déformer ? L’éthique en pédagogie, 2012).
Reste à définir le projet commun…
Fait à Paris, le 09 juillet 2025
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