Le mot bonheur, bon-heur, heur, étymologiquement « présage tiré de l’observation du vol des oiseaux ». Le sens premier du bonheur est un bon augure, une chance.
Le bonheur résulte de la satisfaction de nos désirs, comme le pensait le sophiste Calliclès.
Sigmund Freud reprend cette idée avec la recherche la recherche de cette jouissance (Malaise dans la civilisation, 1930). Le bonheur est une personne comblée.
Quelle différence avec le bien-être ?
Cela varie suivant les auteurs, nombreux sont ceux qui le considère comme synonyme, ceux qui le différentie voit une dimension plus intimiste pour le bonheur et plus sociale pour le bien-être.
Le bien-être serait un bonheur socialisé.
Les partenaires sociaux utilisent plus volontiers le terme de bien-être que celui de bonheur quand ils ouvrent ce chantier.
On pourrait dire que le bienêtre est tout à la fois Qualité de vie au travail (QVT) devenu Qualité de Vie et Conditions de Travail pour prendre en compte la charge de travail, l’autonomie et l’accompagnement au changement. Le bien-être va plus loin que la QVCT, il intègre ce que le sociologue allemand, Jan Delhey appelé « la qualité de vie subjective », on pourrait dire QVST ou QVSCT.
Le bien-être prend en compte les dimensions personnelles et cognitives, la qualité perçue n’est pas la qualité réelle.
Comment évaluer le bien-être ?
La première réponse est qu’il suffit d’interroger les intéressés.
Or, depuis le psychologue sociale, Elliot Aronson (1972), on sait que l’homme est un animal rationalisant plutôt que rationnel. Il se fait des histoires qu’il considère comme vrai.
Seth Stephens-Davidowitz (Tout le monde ment… (et vous aussi), Internet et le Big Data ce que nos recherches Google Disent vraiment de nous, 2018) illustre du fait que les personnes mentent dans les sondages, soit consciemment soit le plus souvent inconsciemment. Nous nous mentons à nous-même.
Quelle valeur donnée à des questionnements ?
Seth Stephens-Davidowitz propose le « sérum de vérité numérique » avec Google qui permet de collecter des datas au-delà du déclaratif.
Et c’est encore plus vrai en matière de cognition ou de la santé mentale.
Gerben Westerhof et Corey Keyes (2010) définissent la santé mentale positive par trois composantes : le bien-être émotionnel, le bien-être psychologique et le bien-être social, définition repris par l’OCDE.
Alors comment faire ?
Construire la gouvernance des happiness datas.
Avec dans un premier temps la construction de la collecte des datas.
Comment collecter des données personnelles voir intimes ?
La e-santé a ouvert le chantier depuis quelques décennies, les prémisses remontent aux année 70.
Qu’est-ce que cela représente aujourd’hui ? Regardons de plus prêt.
Withings, licorne française, propose un écosystème de travail des données avec des outils comme la ScanWatch qui permet de calculer le nombre de calories brulée, le nombre de pas, la qualité du sommeil et même innovation mondial le calcul de la température. L’historique est un « sérum de vérité numérique ».
Mais Wethings va plus loin dans la collecte des données en proposant de nouveaux supports comme par exemple le pèse personne qui naturellement pèse la personne mais en plus enregistre la façon dont on se met sur la balance et cela permet par la notion d’équilibre de détecter avec une précision jamais atteinte la prévision de certaines maladies dégénérative. Le capteur fait la data.
Classiquement le calcul du rythme cardiaque permet de calculer la Variabilité de la Fréquence Cardiaque (VFC), en cas de stress, le corps réagit en baissant immédiatement la VFC, l’historique de la VFC permet de connaitre la situation de bien-être de l’individu dans le temps et d’anticiper ses biorythmes.
Une fois la donnée mis en sens, Withings propose à chaque situation des capsules pour apprendre des techniques d’amélioration de ses métriques.
L’idéal dans la qualité de l’information est de mettre en relation différents indicateurs, comme dans notre cas, la respiration, d’y ajouter du déclaratif, et ainsi une meilleur précision du tableau de bord cognitif du collaborateur. Le bien-être dépend de la qualité de cette information.
On pourrait parler par exemple de la fourchette intelligence pour identifier notre façon de nous nourrir, voir ce que l’on mange pour identifier par rapport à notre historique et nos activités notre baisse de performance au travail. La formation peut apprendre les bases de la nutrition pour renforcer notre bien-être.
Sans chiffre, les soft skill ne deviendront jamais des hard skills.
Deux questions se posent.
La première est la gouvernance de la data. Pour rester compatible à la RGPD, il suffit de demander l’accord des individus, c’est là une question de marketing et de promesse pour l’usager. La grande question est qui va piloter la data avec deux pôles une centralisation de la data anonymisée et/ou un quantifyself, l’apprenant pilote ses propres données.
Dans ce dernier cas, il est nécessaire d’organiser un accompagnement individuel et/ou collectif pour soutenir la motivation.
Proposer un outil de bien-être devient une promesse du corporate branding, faire de l’entreprise un incubateur de bien-être.
La seconde question est la définition des standards quels sont les indicateurs retenus pour améliorer la e-santé de ses collaborateurs, de leur performance voire de leur bonheur social.
Les expériences démontrent que le sommeil en micro sieste favorise la bonne humeur, la concentration et le relationnel. L’entreprise doit-elle se doter de salle de sommeil ? Faut-il payer les collaborateurs à ne rien faire, même si la productivité s’en trouve améliore ?
La question est sociale.
Il s’agit de proposer un nouveau contrat social, un contrat bienêtre pour définir les modalités opératoires comme par exemple la porosité entre la vie privée et la vie professionnelle.
Comment faire ?
Comme au 20ème siècle, en réunissant des experts du bien-être, en définissant une politique et en imposant le bien-être, ou deuxième possibilité en mobilisant l’intelligence collective pour que la base construise elle-même son bien-être.
L’horizontalisation des structures pousse pour la seconde voie.
Le sociologue Benoît Grison (Bien-être ou être bien, 2012) montre que le bien-être ne se résume pas à ne pas mal-être, mais plutôt un militantisme d’un art de vivre, il propose la pleine conscience et l’harmonie dans la vie de l’entreprise.
Il est possible de faire un parallèle avec « L’avènement des loisirs, 1850-1960 » (Alain Corbin, 1995) où, face à une société qui évoluait économiquement et socialement, a fallu inventer les vacances, le sport, le repos, les congés payés… une nouvelle façon de penser la vie.
Aujourd’hui, le bien-être, le bonheur est un appel nouveau et un levier de mobilisation, reste à l’entreprise qui le désir d’inventer la boîte à bonheur qui va avec.
Fait à Paris, le 12 juillet 2024
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