Les responsables de formation sont de plus en plus confrontés au marketing pour construire leurs formations. Mais qu’est-ce le marketing ? Oliviero Toscani nous propose une belle définition « mettre en société », rapprocher une offre et une demande du point de vue de la valeur perçue par l’usager. Comme la société bouge le marketing bouge aussi. Le marketing d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier et encore moins celui de demain, d’où le fait de proposer une veille. L’ordonnancement ci-joint se fait de façon non-hiérarchique, chacun pouvant picorer dans les tendances possibles pour dégager des stratégies qui seront utiles pour leur entreprise.
1, Le Learnal branding
Il s’agit de penser la formation comme une marque et de construire la cohérence de marque par rapport à son histoire et par rapport à son projet. Le learnal branding s’inscrit dans le corporate branding. C’est un atout pour les formations d’avoir une marque parapluie qui coordonne le sens des choses. Quelle est la promesse de la formation pour l’apprenant ? Sur quoi s’engage la formation ? C’est le travail de communication avec les titres de formation.
Comment faire vivre la marque ? En créant des moments de célébration de la formation et surtout en montrant l’utilité de la formation. A minima, le fait de montrer que la promesse a été tenue, de rendre des comptes aux apprenants et de faire évoluer la promesse dans le temps. Cette fidélisation à la marque nécessite de créer une histoire, un storytelling pour donner de la valeur à la formation tout au long de la vie professionnelle.
Pour aller plus loin :
Le learnal branding comme avenir de la formation ? 11 janvier 2020
2, Les open badges
Construire un système de reconnaissance sociale pour les apprenants. Ce qui est assez classique avec les diplômes, via ou non la VAE, les titres RNCP, mais il y a déconnection entre le diplôme et les besoins du terrain comme le montre par exemple la littérature sur les soft skills. La politique des open badges est une privatisation des marqueurs sociaux qui permet de construire un référentiel agile au sein d’une politique de professional branding.
Les « sacs à badges », comme disent les Québécois, permettent de construire des micro-reconnaissances particulièrement utiles pour l’employabilité des collaborateurs. L’open badge peut être créé par le collaborateur lui-même et sa diffusion est facilement déplorable par les réseaux sociaux. Une nouvelle politique de qualification bottom up peut voir le jour au sein des entreprises qui deviennent des créatrices de talents co-brandés.
Pour aller plus loin :
Pourquoi ne pas essayer les open badges ? 08 mars 2022
3, Le mix pédagogique
Le mix pédagogique s’enrichit de nouveaux médias comme le podcast apprenant, les xR, la communauté apprenante, et bien d’autres. Cela permet d’aborder les apprenants par différentes portes d’entrée. C’est la politique d’une formation ATAWADAC (Any Time, Any Where, Any Device, Any Content), une nouvelle liberté pour l’apprenant. Reste à construire la cohérence du système quelle que soit la préférence de l’apprenant.
L’écriture pédagogique doit proposer des routines avec questions intéressantes comme l’opposition snack content slow content, mais aussi un véritable observatoire des usages. Le podcast apprenant en slow content s’écoute en multi-activité. Reste à construire les usages propres à chaque support. La vidéo qui reste majoritaire doit choisir entre des usages de type YouTube, Twitch ou Tiktok.
Pour aller plus loin
La Tiktokisation de la formation, 21 juin 2022
Que pensez de la battle snack content vs slow content ? 22 février 2022
4, L’ergonomie de la formation
L’ergonomie dans son volet marketing est une quantification des usages centrée sur l’apprenant. Il s’agit de quantifier l’ensemble de la relation afin de construire une fluidité dans le parcours, la facilité d’accès à l’information, son déroulement et son suivi. Concrètement, il s’agit d’identifier les points noirs de la relation pour les optimiser. Combien de temps entre l’identification du besoin et la réalisation de la formation ?
Les réclamations doivent être responsive. Le terme de responsive vient du web et de l’adaptation du contenu aux différentes remarques. L’ergonomie s’intéresse à la pédagogie avec une capacité d’adaptation qui devient un atout pour l’apprenant qui se sent pris en compte dans ses évaluations, à condition de l’informer de cette prise en compte. Cela devient un atout pour son engagement.
Pour aller plus loin :
Et si on organisait un service de réclamations apprenants ? 24 mai 2022
5, Les Learning experiences
Les LX sont l’introduction du design, de l’émotion dans la formation. Les apprenant veulent vivre des aventures formative pendant leur formation, c’est « l’effet waouh ». La formation doit être extraordinaire, étymologiquement qui sortent de l’ordinaire. L’imaginaire est au pouvoir. On peut inviter des guests du monde entier pour faire un benchmark métier, c’est la magie du numérique.
Le fait qu’il se passe une communion affective pendant la formation développe le fameux FOMO (Fear Of Missing Out), la peur de rater et surtout l’envie de partager ensemble. Connaître devient un prétexte à faire société. La formation devient avénementielle, un événement attendu par l’apprenant. La learner exeprience est un atout majeur pour motiver l’apprenant avant, pendant et après la formation.
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce qu’une Learner eXperience ? 27 novembre 2022
La formation, doit-elle fêter Noël ? 20 décembre 2022
Le responsable de formation, est-il un Chief Happiness Officer ? 19 octobre 2021
6, La relation apprenante
La notion de relation apprenante est née en France en 2 001 avec le Learner Relationship Management. Il s’agit d’un management « One to one » des apprenants, le numérique permettait ce type de déploiement qui pouvait prendre plusieurs formes comme l’adaptive learning, pousser du contenu en fonction des apprenants. L’idée même de relation suppose de construire une politique de fidélisation.
La relation apprenante s’inscrit dans une politique plus globale de Big data. La machine connaît mieux l’apprenant qu’il ne se connaît lui-même. C’est une opportunité pour connaître enfin les apprenants et, même mieux, d’anticiper avec des techniques de prédictibilité les besoins. C’est un changement culturel qui consiste à faire de la formation non plus comme une réponse à une demande, mais hors de l’urgence opérationnelle.
Pour aller plus loin
Qu’est-ce qu’une relation apprenante ? 12 octobre 2020
Comment optimiser une relation apprenante ? 14 février 2023
7, L’accompagnement
La montée en puissance d’une demande d’accompagnement que ce soit sous forme de coaching, de mentoring, de pair-à-pair, de formation,… est en forte augmentation. C’est une demande de se former autrement et surtout une demande de rassurance tout au long de la relation apprenante. La formation doit se doter d’un Service-Après-Vente pour assurer un suivi opérationnel de la formation.
L’accompagnement pose le problème de son industrialisation. Le numérique peut aider avec les Bots avec par exemple la révolution de GPT 3 qui transforme les bots en agents conversationnels ou encore la sémiologie numériques qui rendent encore plus pertinents les écosystèmes synchrones et asynchrones. L’accompagnement devient un atout de l’optimisation marketing de la formation.
Pour aller plus loin
La fin de l’autorité ? 29 novembre 2022
La formation, doit-elle devenir nudge ? 01 novembre 2022
8, Les communautés apprenantes
La notion de communauté répond à un besoin d’identité professionnel, créer un commun afin de construire des connaissances et des compétences de pair-à-pair. Le rôle de la formation est de construire cet espace, de protéger la parole et surtout d’assurer l’animation de la communauté, ce qui permet la construction d’une nouvelle pédagogie, qui reste un nouveau chemin pour atteindre les objectifs pédagogiques prédéfinis.
Les nouvelles attentes des communautés apprenantes sont de favoriser le Learner Generated Content (LGC), inverser la pyramide des savoirs, partir des apprenants. Construire un storytelling pour poser le cadre du commun, et mettre en place un storymaking partant des apprenants eux-mêmes. Le travail de formation est de piloter le processus et de faire de la communauté une écoute apprenant.
Pour aller plus loin :
Histoire du marketing de la formation, 17 janvier 2023
Les communs, vont-ils révolutionner la formation ? 11 mai 2021
La foule, peut-on former en grande quantité ? 08 novembre 2022
9, Le LSAT
Le Learner Satisfaction (LSAT) est la clé de voute des KPI marketing, l’écoute première de l’apprenant. Reste à construire les modalités de l’indicateur. Le « One to one » est un système du début du 20ème siècle, aujourd’hui, c’est le social scoring qui a les faveurs des apprenant, sur le modèle TripAdvisor, savoir ce que les autres penses pour se faire sa propre idée et favoriser l’engagement et l’émulation des apprenants.
La politique du Big data a un rôle à jouer pour contextualiser la satisfaction et pour le calcul des marges de progrès. L’analyse du wording par exemple permet d’évaluer par l’usage des mots la maturité des connaissances et compétences de l’apprenant seul et en groupe. Le système de métrique de l’évaluation est un chantier en cours, pour remettre l’apprenant au centre de la formation, des avancés majeurs émergent grâce à la tech.
Pour aller plus loin :
Que faire de l’avis des apprenants ? 12 avril 2022
Sortez les learning datas du frigo ! 21 septembre 2021
Le responsable de formation, est-il un Chief Data Officer ? 05 avril 2022
10, Les nano-influenceurs
Dans le marketing, le problème de l’accès aux learners est essentiel dans la réussite d’une campagne de valorisation de la formation. Un des créneaux est d’identifier les personnes d’influence dans la pratique de la formation afin qu’ils deviennent des nano-influenceurs. Le responsable de formation a pour responsabilité de construire ce réseau d’influence interne pour assurer la diffusion des promesses de la formation.
L’animation des nano-influenceurs est essentielle pour le déploiement d’une politique de push des produits, mais aussi une politique de pull des besoins, faire remonter les besoins non écrits et souvent non calibrés. Ce travail d’écoute permet de faire remonter les signaux faibles soit directement des apprenants, soit des nano-influenceurs afin d’anticiper les besoins de formation.
Pour aller plus loin :
Le responsable de formation, est-il un nano-influenceur ? 21 janvier 2021
EN BONUS
L’érotisation de la formation
Le métier de responsable de formation devient un créateur de motivation pour l’apprenant. C’est le travail d’érotisation de la formation, étymologiquement développer l’envie de l’apprenant. L’érotisation nécessite un travail de connaissance de l’apprenant et une proposition de communion apprenante pour resocialiser les apprenants autour du projet stratégique de l’entreprise, faire des liens qui libèrent.
Pour aller plus loin :
La formation, est-elle un produit de formation comme les autres ? 13 décembre 2022
Peut-il exister une éthique de la formation ? 19 avril 2022
Pourquoi faut-il érotiser la formation ? 21 août 2020
Fait à Paris, le 27 janvier 2023
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